Samedi dernier, notre rédacteur en chef a assisté aux deux parties de la pièce "Harry Potter et l'Enfant Maudit" au Palace Theatre à Londres.
Il a souhaité partager avec vous ses impressions et ses critiques sur la pièce. La première partie de l'article ne contiendra pas de spoilers concernant la mise en scène mais quelques éléments clés du script. Ensuite, notre logo "Alerte Spoiler" annoncera une seconde partie beaucoup plus détaillée qui contiendra de nombreux spoilers sur la pièce en elle-même : à ne pas lire si vous souhaitez avoir la surprise si vous voulez aller voir la pièce.
A noter que dans un prochain article, nous développerons les infos pratiques à savoir avant d'aller voir la pièce ! Vous pouvez aussi retrouver notre critique du script de cette même pièce écrite en août 2017.
Attention, la suite de cet article contient des informations sur le script de la pièce !
Une Histoire écrite pour le théâtre
JK Rowling l'a toujours dit : le théâtre était "le média parfait pour cette histoire". Eh bien, je crois que j'en ai eu la confirmation devant mes yeux samedi après-midi au Palace Theatre alors que j’assistais aux côtés de 1 400 spectateurs aux représentations des deux parties de la "Harry Potter et l'Enfant Maudit". Le jour que nous attendions depuis fin 2015 lorsque nous avions réservé nos places était enfin arrivé, nous allions enfin découvrir la pièce sur scène.
Ceux qui comme moi avaient lu le script de la pièce avant de franchir les portes du Palace Theatre pouvaient être sceptiques quand à une réalisation sur scène de ce qu'ils avaient lu mais aussi quant à l'intrigue parfois peu crédible. Cette histoire est bien écrite pour le théâtre (non pour le cinéma ou pour être lu), ce qui explique pourquoi les fans avaient pu être déçus à la lecture du script mais que les critiques de la pièce en elle-même avaient été élogieuses.
Une occasion de découvrir une pièce de West End
"Harry Potter and the Cursed Child" est très différent des pièces que l'on a l'habitude de voir en France. C'est une très grosse production du théâtre du West End londonien, le quartier de Londres qui compte les salles de théâtres les plus prestigieuses du Royaume. On pourrait comparer cette industrie à celle de Broadway, Outre-Atlantique où la pièce va par ailleurs faire escale dès le printemps 2018.
Lorsque l'on vient voir "l'Enfant Maudit" c'est aussi pour apprécier ce savoir-faire londonien en matière de théâtre, unique au monde, pour apprécier des décors fantastiques, des effets spéciaux déroutants... Bref, un véritable show et une expérience unique dont je me souviendrais toute ma vie !
Le vrai plus par rapport aux films est que le spectacle se passe devant nos yeux, en direct, avec des acteurs de renom en chair et en os. C'est la sensation d'assister à quelque chose d'inédit, de rare. Contrairement aux films, on ne pourra pas regarder la pièce un nombre incalculable de fois. C'est ce qui fait la richesse du théâtre !
Une pièce qui sonne comme un hommage, qui clôt une longue saga
Nous en parlions déjà lors de notre critique du script, la pièce est un hommage à la saga de JK Rowling plus qu'une véritable suite. En démontrent les nombreuses citations des tomes de la saga qui sont citées dans la pièce comme le mythique "Always" emprunté par Scorpius Malefoy à Severus Rogue pour qualifier son amitié avec Albus.
Les thèmes qui y sont abordés sont ceux abordés dans les livres : l'amitié, la mort, l'amour... Par les retours dans le passé, la pièce fait rejouer aux personnages les événements les plus marquants de la saga comme le meurtre des parents d'Harry, l'une des scènes les plus émouvantes de la pièce.
Assister à la pièce, c'est tourner une fois pour toute la page de cette saga en rendant une dernière fois hommage à tous les personnages. En tant que fan, j'ai ressenti cette pièce comme nécessaire pour clore une saga que j'ai commencé à lire à mes 8 ans et qui m'a accompagné durant toute mon enfance, mon adolescence et encore aujourd'hui...
On peut reprocher à cette pièce d'être tombé dans le fan service. Jack Thorne, l'auteur de la pièce, est d'ailleurs un grand fan de la saga. Oui, et qu'importe : je crois que cette pièce est avant tout faite pour les fans. N’imaginez vous pas vous rendre à cette pièce sans avoir lu aucun des livres de la saga !
Attention, cependant le vision de la pièce n'a en aucun cas gommé les réticences que j'avais quant aux incohérences de l'intrigue et notamment sur l'existence de la fille de Voldemort sur laquelle je suis toujours aussi sceptique.
Attention, la suite de cet article contient des informations sur le script et la mise en scène !
A ne pas lire si vous souhaitez voir la pièce !
Dans cette seconde partie, je souhaitais développer et commenter les choix de mise en scène et l'expérience qu'a été de voir cette pièce en direct. Ne lisez pas la suite de cet article si vous comptez voir la pièce en direct, cela pourrait vous gâcher la surprise. Cette partie est uniquement écrite pour pouvoir partager avec ceux qui ont vu la pièce mon ressenti. Revenez la lire lorsque vous aurez lu la pièce !
Le jeu d'acteurs
Quel bonheur de voir des acteurs professionnels évoluer sur scène ! Certains acteurs ont attiré notre attention : Anthony Boyle est un parfait Scorpius Malefoy. L'acteur a su nous faire aimer ce nouveau personnage touchant, sensible et très drôle. On ressent une vraie complicité avec son partenaire Sam Clemmett qui joue le jeune Albus Potter. C'est très touchant de voir leur amitié se construire au fil de la pièce et des épreuves qu'ils parcourent.
Noma Dumezweni a un tel charisme. Elle convainc dès les premières minutes de la pièce. Sa voix grave et sa stature de femme de caractère témoigne que le personnage d'Hermione a désormais de plus grandes responsabilités. Jamie Parker, en Harry torturé, est un peu moins convainquant mais peut être est-ce parce que l'on est moins convaincu par les agissements de Harry (cf sa tentative de surveiller Albus avec la carte du Maraudeur) ?
Les seconds rôles sont aussi très réussis. On peut citer Poppy Miller, qui a su apporter plus d'importance au personnage de Ginny, Chris Jarman, le Choixpeau Magique et Hagrid, Esther Smith, en Delphi Diggory, et Annabel Baldwin en Mimi Geignarde.
Même si cela est moins flagrant que pendant la lecture du texte, Ron, interprété par Paul Thornley, ne peut pas intervenir dans la pièce sans faire une blague. A chaque prise de parole, la salle se met à rire. Ses interventions humoristiques interviennent parfois au milieu d'une scène plus tragique. Il est le représentant de l'humour anglais, piquant.
Car on rit aussi beaucoup durant cette pièce. Cela dénote parfois avec la personnalité que les personnages pouvaient avoir dans les livres ou les films. Cela peut perturber. En effet, on a parfois l'impression que les personnages que nous avons connus sont d'autres personnes : d'une part à cause du fait qu'ils sont interprétés par d'autres acteurs que dans les films mais aussi parce que le média théâtrale les oblige à entrer dans une nouvelle dimension et à se soumettre aux standards théâtraux.
Le personnage de Ron perd donc ici une dimension plus profonde de sa personnalité qui pouvait apparaître dans les livres, celle que l'ami loyal et dévoué. C'est peut être la seule chose qui m'a déçue dans le traitement des personnages.
Des effets Spéciaux à Couper le souffle
C'est le vrai plus de cette pièce : réussir à mettre en scène une intrigue qui peut paraître bancale et à faire naître la magie sur scène ! En effet, pendant les 5 heures de la pièce, on parvient à nous faire oublier notre identité de moldu. Les effets spéciaux sur scène sont époustouflants ! A de nombreux moments, on oublie que ce qui ce passe devant nous se déroule en direct tellement les effets spéciaux sont dignes des meilleurs films d'Hollywood. Bravo à John Tiffany pour la mise en scène et à Christine Jones pour les décors !
On se demande comment toute cette magie est possible. Des personnages surgissent ou s’envolent dans le ciel sans que l'on ne voit à aucun moments les câbles qui les soulèvent, des chaises qui tournent sur elle-même, l'étagère du bureau d'Hermione qui avalent Delphi et Albus, la deuxième tache dans le Lac Noir où Albus, Scorpius et Cédric nagent grâce à un jeu de câbles et de lumières, des Détraqueurs qui s'échappent de la scène et s'envolent vers le public.
Car la scène n'est pas le seul terrain de jeu du metteur en scène. A la fin de l'acte III par exemple, la découverte du message laissé par Delphi dans sa chambre s'étale à la fois sur scène et dans la salle. Un jeu de lumières fluorescentes nous révèle son message qui était inscrit sur les murs de la salle parmi le public depuis le début, provoquant chez le spectateur une tension soudaine.
Les métamorphoses à l'aide du Polynectar sont particulièrement réussies, lorsque Delphi se transforme en Hermione, Albus en Ron et Scorpius en Harry, ou même Harry en Voldemort...
Les voyages du temps et les changements incessants de décors sont particulièrement bien orchestrés : ainsi, le Poudlard Express, par exemple, se construit à l'aide de charriot. Dans le premier acte, et surtout la scène IV, une successions de séquences très courtes pose le cadre du reste de la pièce.
Le jeu des escaliers est aussi très réussi. Cela donne une scène où les escaliers semblent vouloir qu'Albus et Scorpius se rencontrent alors qu'ils ont interdiction de le faire. J'ai particulièrement apprécié ces scènes presque sans dialogue où les faits et gestes des acteurs sont pratiquement chorégraphiés : cela créé une pause appréciable dans l'intrigue.
De grands moments d'émotions...
La pièce est ponctuée de moments forts et de grande émotion. Un de ces moments est lorsque Harry dit à son fils Albus qu'il aurait préféré que celui-ci ne soit pas son fils. A ce moment là, il y a un grand silence dans la salle.
Toute la dramaturgie est également en place à la fin de l'acte II lorsque Scorpius arrive dans un monde parallèle sous le règne de l'Augurey. Les spectateurs sortent de la première partie de la pièce avec la peur que l'univers qu'ils ont connu soit d'un coup totalement modifié.
Autre moment fort en émotion : lorsqu’Hermione et Ron reçoivent le baiser des Détraqueurs. Le retour de Rogue sur scène est aussi un moment fort pour les fans.
Mais le moment le plus émouvant et horrible à la fois est lorsqu'Harry revit le meurtre de ses parents. L'émotion transparait littéralement dans les yeux des acteurs à ce moment là. On met un petit moment à se remettre de ses émotions à la sortie de la pièce.
...Et de rire
Des scènes sont particulièrement drôles. Notamment celle où Albus, sous les traits de Ron, essaye d'empêcher Hermione, la vraie, d'entrer dans son bureau. Albus embrasse à de nombreuses reprises sa tante et lui propose d'avoir un autre bébé. Une scène comique où Paul Thornley joue Albus qui joue Ron. Il parvient bien à jouer un Ron différent et cela fonctionne sur scène sous les rires du public.
Pour conclure...
J'encourage tous les fans qui ont la possibilité de se rendre à Londres d'aller voir cette pièce. C'est une véritable expérience de MAGIE !!!
On se prend à rêver qu'un jour cette pièce fasse escale en France pour que les fans de l'Hexagone puissent également pleinement profiter de cette expérience unique. Est-ce probable ? "C'est Harry Potter, tout est possible !" selon les producteurs... D'autant plus que la pièce fera ses débuts à Broadway au Printemps 2018.
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Infinity (vendredi, 24 février 2017 22:02)
Très bel article bravo ! Et merci !
Vraiment hâte de lire les infos pratiques , même si je n'y vais qu'en Décembre j'appréhende ^^