JK Rowling : "Harry Potter est toujours dans ma tête"

Jack Thorne, JK Rowling et John Tiffany (Source: Pal Hansen/Observer New Review)
Jack Thorne, JK Rowling et John Tiffany (Source: Pal Hansen/Observer New Review)

A deux jours de la première répétition en public de la pièce "Harry Potter and the Cursed Child" ("l'Enfant Maudit" en français), JK Rowling, Jack Thorne et John Tiffany, les co-auteurs du script, ont accordé une interview (réalisée le 25 mai) à l’hebdomadaire The Observer. L'article précise que ce sera la seule interview accordée à la presse avant le début des répétions en public.

 

L'intégralité de l'interview peut être consulté sur le site de l'hebdomadaire à cette adresse... Nous avons traduit quelques extraits clés de cet article. Nous tenons à vous rassurer : aucun spoiler sur l'intrigue de la pièce n'a été révélé dans cette interview.

La genèse du projet

La rencontre avec Sarah Crompton, la journaliste de The Observer, se déroule dans un pub non loin du Palace Theatre. Rowling, Tiffany et Thorne profitent d'une pause dans les répétitions pour accorder cette interview.

 

"Je suis debout depuis quatre heures du matin", dit JK Rowling. "Nous étions dans le théâtre la nuit dernière et j'ai vu une scène qui était vraiment proche de mon coeur, avec les costumes, sur la scène. Et c'était bouleversant." 

 

"Jo a été très présente dans le processus", ajoute Tiffany. "Beaucoup, oui", confirme Rowling. "Mais la nuit dernière, c'était la première fois que j'étais dans le théâtre et je voyais quelque chose de si achevé. Et c'était... extraordinaire."

 

Le projet de la pièce "Harry Potter et l'Enfant Maudit" a commencé par une rencontre entre JK Rowling et la productrice Sonia Friedman. Rowling explique : "Vous pouvez probablement imaginer que l'on m'a proposé de faire de nouvelles choses avec 'Harry Potter' cinq fois par semaine depuis que la saga s'est terminée. Sonia voulait juste explorer une production théâtrale [sur ce thème] et je la connaissais par réputation évidemment et je me suis dit que j'adorerais la rencontrer et écouter ce qu'elle avait à me dire".

 

Sonia Friedman a ensuite proposé les noms de John Tiffany pour diriger et mettre en scène la pièce et de Jack Thorne pour écrire le script. L'idée de travailler avec de tels collaborateurs a convaincu Rowling : "C'est la raison de la réalisation de ce projet. Je pensais en effet que je n'aurais plus jamais l'occasion de travailler avec des personnes aussi géniales."

 

Quand elle a rencontré Tiffany, elle a réalisé qu'elle l'avait déjà côtoyé auparavant, dans le milieu des années 90, alors qu'elle était une mère célibataire ruiné, en train d'écrire ce qui deviendrait plus tard le premier 'Harry Potter', au milieu des tasses de café dans trois cafés d’Édimbourg. 

 

A l'époque, l'un de ses repaires favoris était le Traverse Theatre, où John Tiffany était directeur-assistant. "C'était l'une des premiers endroits d’Édimbourg où vous pouviez avoir un cappuccino," se rappelle Tiffany. "Je rencontrais les acteurs et les auteurs là-bas, et je me souviens d'avoir vu une femme écrire, avec un landau à ses côtés. Nous avions l'habitude de nous dire bonjour, et je me suis rappeler de ce souvenir lorsque Jo m'a dit : 'Cela ne vous dérange pas si je suis là...' "

 

"Parce que je n'avais pas acheté beaucoup de cafés", précise Rowling. Tiffany ajoute : "Ensuite, plus d'un an plus tard, j'ai réalisé ce qu'elle était devenue. Et elle n'est plus jamais revenue au Traverse."

 

Jack Thorne, lui, a suivi avec attention l'ascension de JK Rowling : "J'étais totalement un Potterhead. Je me suis toujours considéré comme un Potterhead et j'espère que les Potterheads ne me haïront pas trop après cela, parce que je ne serai jamais autorisé à en redevenir un." 

 

Tiffany ne connaissait pas la passion de Thorne pour "Harry Potter" quand il lui a demandé de devenir l'auteur du script de "The Cursed Child". "Il me l'a demandé lorsque nous nous sommes rencontrés à une station de métro sur la route des The South Bank Show awards. Et il m'a dit : 'Qu'est ce que tu en penses ?' Et je suis devenu fou dans la rue. Seulement parce que j'étais si incroyablement timide, personne n'a pu voir que j'étais devenu fou."

 

Lorsque lui et Tiffany se sont rendus chez Rowling à Édimbourg, il était clair que l'empathie qu'ils éprouvaient les uns pour les autres était bien plus profonde que celle entre un auteur et son fan.

 

Le script de la pièce a été en grande partie écrit par Jack Thorne, même si JK Rowling a contribué aux grandes idées de l'intrigue.

 

La journaliste a demandé à JK Rowling, si elle avait déjà imaginé écrire le script elle-même. Après tout, elle est bien l'auteur de scénario du spin-off cinématographique "Les Animaux Fantastiques" qui sort en Novembre.

 

"Je ne suis pas si arrogant alors que j'ai un dramaturge de première classe sous la main pour dire : 'Eh bien, je n'ai jamais fait ça auparavant mais je vais le faire.' C'est une question de connaitre les limites de ses propres compétences. J'étais impliquée raisonnablement dans les scénarios des films "Harry Potter". Je me sentais plus familier avec le monde du cinéma. Je ressentais un degré de confiance suffisant pour écrire un scénario de cinéma alors que j'avais un confiance suprême que Jack allait écrire la pièce que j'aimerais et il l'a faite."

Pourquoi revenir vers 'Harry Potter' ?

Il est clair qu'Harry Potter n'a jamais quitté JK Rowling : "Cela faisait 17 ans [que j'écrivais Harry Potter] et avoir refermé la dernière page du dernier tome ne voulait pas pour autant signifier que mon imagination s'arrêtait. C'est comme courir une très longue course. Vous ne pouvez pas juste vous arrêter mort à la ligne d'arrivée. J'avais de la matière, des idées et des thèmes, et nous trois en avons fait une histoire."

 

"Je n'ai jamais cessé de porter ce monde dans ma tête. Je ne haïrais jamais ce monde. J'adore ce monde. Mais il y a d'autres mondes où j'ai envie de vivre aussi. Pour être parfaitement honnête, si je sens bien quelque chose, je la fais - sinon, je ne l'a fais pas."

 

"J'ai toujours dit - ne jamais dire jamais, et la raison pour laquelle j'ai dit cela était qu'honnêtement j'avais ce résidu dans ma tête dans les deux directions - les "Animaux Fantastiques" qui revient en arrière et cette pièce qui va de l'avant."

 

Pour autant, elle ne voulait pas écrire un huitième livre "Harry Potter" ou transposer l'histoire d'Harry Potter dans un nouveau média : "On continue à me demander si je veux faire une comédie musicale, mais je n'aime pas les comédies musicales. Le théâtre cependant, j'adore. Je trouve que c'est un monde séduisant - il n'y a rien de comparable à la vision d'un acteur qui joue en direct. Mais je n'avais jamais eu quelqu'un qui m'ait approché ou proposé quelque chose qui m'ait enthousiasmé à ce point."

 

"Je pense que, en tant qu'expérience théâtrale, en tant que pièce, ce sera différent de tout ce que les gens auront vu précédemment. Et une fois qu'ils auront eu cette expérience théâtrale, ils comprendront pourquoi c'est le média parfait pour cette histoire."

La Polémique à propos du casting

Lorsqu'une partie du casting a été dévoilé en décembre dernier, une polémique a émergé quant au choix de l'actrice Noma Dumezweni, actrice noire, pour le rôle d'Hermione. Sur les réseaux sociaux, la nouvelle a été en majorité bien accueillie, mais il y a eu tout de même une réaction à contre-courant d'internautes contre le fait qu'un acteur noir allait jouer un des membres du trio magique. Rowling en était-elle surprise ?

 

"Avec mon expérience des réseaux sociaux, j'ai pensé que les idiots allaient toujours vers l'idiotie. Mais que voulez vous ? C'est la façon dont le monde fonctionne. Noma a été choisie car c'était la meilleure actrice pour ce travail. Quand John m'a dit qu'il l'avait castée, j'ai dit, 'Oh c'est fabuleux', parce que je l'ai vu à un atelier et elle était fabuleuse."

 

La dureté des réactions a surpris Tiffany : "Je ne suis pas un utilisateur aussi familier de Twitter que Jo et Jack, dont je n'ai jamais côtoyé ce côté sombre de Twitter, qui est juste affreux. L'anonymat incite à l'horreur, donc au bout d'un moment j'ai arrêté de lire cela. Mais ce qui m'a choqué était le fait que les gens ne pouvaient visualiser une personne non-blanche comme le héros d'une histoire."

 

JK Rowling a toujours dit qu'il y avait la possibilité qu'Hermione soit noire dans la façon avec laquelle elle l'avait décrite; sa couleur de peau n'avait jamais été mentionnée. "J'ai eu une bande de racistes qui m'a dit que puisqu'Hermione 'blêmit' - ce qui signifie que son visage perd de ses couleurs après un choc [Ndlr : elle évoque ici une citation des livres que ses détracteurs utilisent pour défendre le fait qu'Hermione est décrit comme blanche] - elle devait être blanche, c'est une chose qui me gène beaucoup. Mais j'ai décidé de ne pas être trop agitée à propos de cela et j'ai déclaré simplement qu'Hermione pouvait être une femme noire avec ma bénédiction et mon enthousiasme."

AttireR un nouveau public vers le théâtre

Tout comme la saga 'Harry Potter' a attiré de nombreux jeunes et adolescents vers la littérature, cette pièce pourrait attirer un nouveau public dans les salles de théâtre.

 

Thorne dit à ce propos : "La phrase que John déteste plus que toute les autres est 'Je devrais aller au théâtre plus souvent' parce que cela contient l'idée que aller au théâtre est une obligation." "Tout comme manger ses légumes." ajoute Rowling. "Ou aller à l'église" ajoute Tiffany.

 

"Et cela, c'est la mort du théâtre", continue Tiffany. "C'est une opportunité, j'imagine, pour inciter les gens, qui ne ressentent pas le besoin d'aller au théâtre, à aller au théâtre, et ensuite découvrir qu'ils veulent aller au théâtre."

Eviter les Spoilers

Alors que les deux mois de répétitions en public vont bientôt commencer, tous espèrent que le public va garder le secret jusqu'au 30 Juillet (date de la grande première) : "J'ai pensé à cela de nombreux fois", a dit JK Rowling. "Et j'espère que nous ferons cela sans que des spoilers majeurs ne sortent, tout simplement parce que les gens qui viendront voir la pièce auront une expérience d'autant plus magnifique si ils ne savent pas à l'avance ce qui se passe sur scène."

 

"Généralement parlant, les fans d'Harry Potter sont une communauté, ils se tiennent les coudes, et ils veulent garder le mystère et le sens de la surprise. Donc, nous sommes plein d'espoir. Mais ce sera pas ce ne sera pas la fin du monde. On ne va pas pousser des crises de colère à ce sujet, mais nous espérons pour le bien du public que nous y arriverons."


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Commentaires: 1
  • #1

    Molly (lundi, 06 juin 2016 15:38)

    Merci pour cette traduction.